Yoann Fleurice

Thérapeute, formateur

Sens et cohérence

… sont vecteurs et propulseurs du développement psychique et portent un autre nom très galvaudé : l'Amour. Ils sont le tissu fondamental du monde dont l'humain est appelé à se vêtir, toutes les traditions nous l'enseignent chacune à sa manière.

 

Avez-vous réfléchi déjà aux trois sens du mot "sens" ?

  • "sens" = ce qui a du sens, qui signifie, qui "parle", qui "dit quelquechose"
  • "sens" = direction
  • "sens" = porte perceptive ( ouïe, goût, toucher, odorat, vue )

 

Donc ce qui sera votre boussole interne, votre bonne étoile, votre direction, ca sera le sens, le bon sens, c'est à dire celui qui en a... du sens. Il vous permettra de percevoir le monde ...du sens... et pas seulement de percevoir le monde avec vos sens...

 

Petit clin d'oeil profond et riche de signification derrière une anecdote linguistique.

 

Ce qui va construire l'être humain, c'est le lien. Ce qui donne son sens au lien, c'est l'attention à l'Autre.

 

" L'amour est la force qui émane d'un lien au sein duquel chacun participe activement de l'unité psychique de l'autre. " écrivait Harold Searles

 

Les parents, tout premiers liens...

 

A-lien-é ... privé de lien donc fou puisque le lien est le support d'une mise en cohérence de soi par le miroir de l'altérité… et l'éducation de l'enfant devrait en être la sublime apothéose après le vaste terrain d'entraînement de la relation de couple...

 

Un A-lien est un extraterrestre avec qui il est impossible de parler...

 

Une thérapie consiste à faire le point sur le degré de sens et de cohérence de notre histoire personnelle… indispensable et nécessaire chemin. Ecoute intérieure...

 

Il m'est aujourd'hui devenu évident que toute pathologie est le signe d'une difficulté d'intégration ou de déploiement de l'être… Je dois d'avoir transformé une vague intuition en profonde évidence à Olivier Soulier qui m'a beaucoup beaucoup appris et que je ne peux remercier à la mesure de son don qu'en utilisant le mien. Révolution Copernicienne de l'épistémologie médicale : ce qu'il a appelé la " Médecine du Sens " 

 

Le monde est tissé de sens et de cohérence, la Tradition l'appelle LOGOS, le principe.

 

Ainsi s'éclaire cette question vieille comme l'humanité : pourquoi la souffrance ?

 

La souffrance nous fait spirituellement sortir de notre hamac psychologique.

 

Bien sûr certaines souffrances sont telles qu'elles dépassent notre capacité d'entendement, elles n'ont "pas de sens" mais la foi nous porte à sentir que si le tissu de sens n'est pas partout à l'œuvre alors l'ensemble perd son sens,  ce serait alors le monde de l'ab-surdité,  grande porte de cynisme et/ou de nihilisme, grands dévastateurs de vie… La foi comme hygiène de l'esprit, comme ouverture à ce dont je n ai pas les moyens d'intégrer le sens :  où l'absurde apparent ne mène plus à l'insignifiance, et où l'Humain retrouve sa dignité...

 

Sombre époque où la hiérarchie se voit devenir un nid de féroces dominances, où l'on soigne sans même savoir ce qu'est la santé c'est à dire l'intime adéquation d'un être avec ses choix, où l'argent est roi alors que la rue du mur ( Wall Street ) nous montre bien où nous allons, où le paraître prime bien souvent sur la simplicité rayonnante de l'être, où le monde est une marchandise et ou le vivant meurt sous la déferlante toxique, où le prix passe avant la valeur, la quantité avant la qualité, et où l'homme monstrueusement infantile cherche un ailleurs d'autant plus lointain qu'il est bien caché au fond de son abyssale inconscience.

 

Et le capitalisme de se revêtir des apparats de la possession-satisfaction pour mieux faire de cet enfant son jouet .Un  jouet tout  joyeux de son propre esclavage.

 

Georg Groddeck nous prévenait : " Peut être en définitive n'avons nous le choix qu'entre devenir enfantins ou infantiles " : l'infantile imprègne lourdement nos maisons de retraite qui sont le sordide esquif final d'un vaste naufrage spirituel dont les souffrances et dégradations du corps et de l'esprit sont les stigmates révélateurs.

 

L'enfantin reste une opportunité à construire… mais simple ne veut pas dire facile.

 

Relire " Eloge de la folie " d'Erasme… et œuvrer

  

 

Yoann Fleurice